Nous portons nos ambiguïtés, nos
désirs pluriels, dans nos oeuvres ils
doivent cohabiter. Celui qui voit dans
un chef-d'oeuvre l'unité ne voit rien.
L'unité n'apparaît qu'à distance ; plon-
geant dans les détails, la diversité se
fait jour, la discontinuité se manifeste,
l'illusion classique se brise.

L'artiste identifie dans ses oeuvres les
fragments, chacun correspond à un
geste, une pensée, un effet du ha-
sard... et l'unité ne surgit pour le
spectateur, ou même le critique, qui
manque de discernement. L'artiste
incapable de la percevoir, et pourtant
elle l'obsède, et il maquille de plus
belle. Comment se débarrasser de
cette obsession, s'abandonner au
brouhaha, et seulement ainsi atteindre
l'unité, celle d'une forme qui ne peut
en posséder ?



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